Algodystrophie

1- Généralité :

– Le nom international est le syndrome douloureux complexe de type I

– Elle résulte de la stimulation excessive des afférences C qui proviennent des articulations, des vaisseaux et des viscères -> amplification des stimuli douloureux. La réponse efférente est médiée par les fibres sympathiques sous forme de vasoconstriction artériolaire avec vasodilatation capillaire elle-même induisant une stimulation des fibres C => cercle vicieux.

– Touche les 2 sexes et peut se voir à tout âge, elle évolue classique en 3 phases.

– Les algodystrophies idiopathiques (25%) surviennent sur certains terrains : dysmétabolique (diabète…), psychologique (émotif…)

Algodystrophie
Algodystrophie

2- Cliniques :

A- Phase chaude (oedémateuse) :

Signes locaux pseudo-inflammatoires

– Douleurs articulaires augmentées par la mobilisation

– Impotence fonctionnelle

– Épanchement intra-articulaire possible au genou

– Troubles trophiques et vasomoteurs : gonflement avec œdème douloureux, peau rouge ou cyanotique, hyperthermie locale et hypersudation.

B- Phase froide (scléreuse) :

– Douleur de type mécanique

– Troubles et vasomoteurs, avec disparition du gonflement et de l’œdème, peau sèche, froide, pâle et atrophique.

– La raideur articulaire est importante et source d’attitude vicieuse (flessum) par rétraction articulaire (capsule, tendon…)

– L’amyotrophie massive locale est constante

C- Phase d’inversion :

C’est la phase de guérison du phénomène. Elle se produit au bout de 3 à 18 mois avec soit une récupération ad integrum soit avec des séquelles à type de douleurs, raideur et rétraction articulaire. La scintigraphie reste positive longtemps même après guérison.

3- Négative :

A- Pas de signes généraux :

– La fièvre est absente

– Par d’altération de l’état générale

– Pas d’adénopathies.

B- Biologie négative :

* Absence de syndrome inflammatoire (hémogramme, VS et CRP normaux)

* En cas d’épanchement articulaire, le liquide articulaire est de type mécanique

* Bilan phosphocalcique normal

4- Imageries :

Algodystrophie du pied gauche (radiographies des pieds)
Algodystrophie du pied gauche : radiographies des pieds

A- Radiographie standard :

* Le retard radiologique de quelques semaines est habituel

* Les signes radiologiques sont absents dans 70% des cas chez l’enfant et dans moins de 20 % des cas chez l’adulte.

* Déminéralisation sous-chondrale puis étendue hétérogène et mouchetée (ostéoporose pommelée locorégionale)

* 2 signes négatifs majeurs constants :

– Respect de l’interligne articulaire (contours nets, pas de pincement)

– Il n’y a jamais de condensation osseuse

B- Autres :

+ Scintigraphie : sensibilité 95% mais spécificité médiocre. Elle montre le plus souvent une hyperfixation vasculaire et osseuse. (Chez l’enfant -> hypofixation).

+ IRM : précocité des signes ; œdème médullaire osseux
(elle est rarement utile)

5- Formes cliniques :

A- Syndrome épaule main :

– Les signes pseudo-inflammatoires sont nets à la main et aux doigts, puis l’enraidissement des doigts se fait en ½ flexion

– A l’épaule -> épaule gelée (capsulite rétractile)

– Le risque de séquelles (raideur) est important

– L’évolution spontanée dure 12 mois en moyenne

Attention au diagnostic différentiel : fasciite palmaire rétractile (Kc de l’ovaire)

Algodystrophie de la main radiographies
Algodystrophie de la main : radiographies

B- L’algodystrophie de hanche :

– Ou ostéoporose localisée de la hanche

– Typiquement chez la femme enceinte au 3e trimestre

– Douleurs de hanche d’apparition rapide calmée au repos

– Ensuite s’installe une raideur articulaire douloureuse modérée

– L’IRM est très utile au diagnostic (femme enceinte)

– Il existe un risque de fracture du col fémoral

– L’évolution spontanée dure 3 à 6 mois

6- Étiologies :

A- Causes traumatiques :

– Traumatismes : fracture, luxation, entorse ou une simple contusion

– Intervention chirurgicale

– Immobilisation (plâtrée) prolongée

NB : il faut se méfier d’une rééducation active trop précoce ou trop intense.

B- Causes non-traumatiques :

– La grossesse -> membres inférieurs

– Système nerveux (hémiplégie, tumeurs, hémorragie méningée, trauma crânien)

– Affections intra-thoraciques : IDM (Sd épaule-main) ; péricardite, cancer…

C- Causes médicamenteuses :

– Phénobarbital :(rhumatisme gardénalique) : donne souvent un syndrome épaule-main parfois bilatéral, d’évolution favorable même sans arrêt de traitement.

– Les antituberculeux : isoniazide

– Certaines anti-protéases dans le traitement du VIH

7- Traitement :

– Antalgiques simples et les AINS

– La calcitonine en sous-cutané

– Prise en charge physique : repos de décharge initialement puis kinésithérapie passive progressive et prudente puis active.

– Bisphosphonate intraveineux

– Autres traitements : bêtabloquants ; bloc régionaux par vasodilatateurs ou sympatholytiques -> inefficaces.