Brucellose

– Zoonose occasionnellement transmise à l’homme. Les animaux domestiques sont les plus touchés et constituent le réservoir à partir duquel l’homme se contamine.

– La contamination s’effectue par ingestion de lait cru infecté non pasteurisé et par contact direct avec des animaux infectés ou des objets souillés à la faveur d’une excoriation cutanée. La transmission interhumaine directe est rare.

– Les germes responsables sont des bacilles Gram négatif du type Brucella : B. melitensis (ovins, caprins), B. abortus (bovins), B. suis (porcins) et plus rarement B. canis et B. ovis.

– La maladie est cosmopolite et sévit essentiellement en zone rurale. Insuffisamment connue en zone intertropicale, son incidence est probablement sous-évaluée.

Signes cliniques :

Les signes cliniques et les symptômes associés sont fluctuants et non caractéristiques.

Le diagnostic est rendu difficile par l’extrême variabilité des tableaux cliniques.

Forme aiguë septicémique :

– Forme commune : les signes s’installent progressivement en une à 2 semaines : fièvre ondulante jusqu’à 39-40°C, puis résolution spontanée sur une période de 10 à 15 jours, sueurs nocturnes, frissons, asthénie, douleurs articulaires et musculaires.

Une sacro-iléite, des arthrites (genou), une orchite peuvent être observés.

En zone intertropicale, une fièvre élevée qui persiste malgré un traitement antipaludique bien conduit doit faire évoquer une brucellose aiguë.

– Autres formes cliniques :

• Forme typhoïdique à début brutal avec syndrome septicémique : fièvre élevée en plateau, délire, tuphos, signes abdominaux.

• Forme infra-clinique : signes cliniques peu spécifiques, peu marqués, n’incitant pas le patient à consulter. Sérologie positive.

Brucellose secondaire :

Asthénie prolongée. Manifestations focalisées :

– Atteintes ostéo-articulaires : arthrite de la hanche, sacro-iléite, spondylodiscite avec sciatalgies (pseudo mal de Pott).

– Atteintes neuroméningées : méningite à liquide clair (pseudo-tuberculeuse), méningo-encéphalite, atteinte neurologique périphérique avec troubles moteurs et/ou sensitifs compliquant un foyer vertébral.

Brucellose chronique :

– Signes généraux : asthénie physique et psychique, sueurs, polyalgies.

– Signes focaux : foyers peu évolutifs osseux, neuroméningés ou viscéraux.

Laboratoire :

– L’hémoculture lorsqu’elle est réalisable permet la mise en évidence du germe en phase aiguë.

– Le test d’agglutination au Rose-Bengale (ou Card-test) permet de mettre en évidence les anticorps spécifiques. Il est simple, peu coûteux, spécifique et sensible dans les brucelloses aiguës et focalisées.

– Les autres tests sérologiques (test de Wright ELISA, immunofluorescence indirecte, test de Coombs) sont rarement réalisables.

Traitement :

Le traitement est basé sur l’association de deux antibiotiques. La streptomycine et la rifampicine étant également utilisées dans le traitement de la tuberculose, il est impératif d’éliminer au préalable une tuberculose active (interrogatoire, examen clinique et radiographie pulmonaire si possible). L’utilisation de la rifampicine doit être strictement limitée aux indications ci-dessous.

Forme aiguë septicémique :

– Enfant de plus de 8 ans et adulte (sauf femme enceinte ou allaitante) : doxycycline PO

Enfant : 100 à 200 mg/jour en une ou 2 prises pendant 6 semaines

Adulte : 200 mg/jour une ou 2 prises pendant 6 semaines + streptomycine IM

Enfant : 15 mg/kg/jour en une injection pendant 2 semaines

Adulte : 1 g/jour en une injection pendant 2 semaines

– Enfant de moins de 8 ans :

cotrimoxazole PO : 40 mg SMX + 8 mg TMP/kg/jour à diviser en 2 prises pendant 6 semaines + gentamicine IM : 7,5 mg/kg/jour en une ou 2 injections pendant 2 semaines ou rifampicine PO : 15 mg/kg/jour en une prise pendant 6 semaines

– Femme enceinte ou allaitante :

cotrimoxazole PO : 1600 mg SMX + 320 mg TMP/jour à diviser en 2 prises pendant 6 semaines + rifampicine PO : 600 mg/jour en une prise pendant 6 semaines

Remarque :

Chez la femme enceinte, l’association cotrimoxazole + rifampicine peut être administrée quelque soit l’âge de la grossesse si le traitement s’avère indispensable.

Il est conseillé d’associer de la vitamine K pour prévenir un accident hémorragique :

phytoménadione (ampoule à 10 mg/ml, 1 ml) :

Chez la mère : 10 mg/jour PO pendant les 15 jours précédant la date présumée de l’accouchement

Chez l’enfant : 2 mg PO à la naissance, à renouveler après 4 à 7 jours

Brucellose focalisée :

– Même schéma thérapeutique que pour les formes aiguës mais pour une durée de 6 semaines à 3 mois en fonction de l’importance du foyer. Le drainage chirurgical d’un abcès hépatique ou splénique peut être indiqué.

– Neurobrucellose ou endocardite : association rifampicine + doxycycline + gentamicine.

L’antibiothérapie n’est d’aucun bénéfice dans la brucellose chronique non focalisée.

Prévention :

– Hygiène des mains et des vêtements au contact du bétail.

– Faire bouillir le lait, éviter la consommation de fromage frais et de viande mal cuite.