Fièvres récurrentes (borrélioses)

Les fièvres récurrentes (FR) sont dues à des spirochètes du genre Borrelia, transmises à l’homme par des arthropodes vecteurs.

Fièvre récurrente à poux (FRP)

La FRP est due à Borrelia recurrentis. La maladie évolue sur un mode épidémique lorsque les conditions favorables à la propagation de poux de corps sont réunies : saison froide, promiscuité et mauvaises conditions d’hygiène (p. ex. camps de réfugiés, prisons). Les foyers endémiques se situent principalement au Soudan, dans la Corne de l’Afrique et en particulier en Ethiopie. La FRP peut être associée au typhus épidémique. En l’absence de traitement, la mortalité varie de 15 à 40%.

Signes cliniques :

– La principale caractéristique des FR est la succession d’épisodes fébriles séparés par des phases apyrétiques d’environ 7 jours (4 à 14 jours).

– Le premier accès dure environ 6 jours :

• Fièvre élevée (> 39°C) d’apparition brutale, céphalées et fatigue intenses, algies diffuses (myalgies, lombalgies, arthralgies), souvent associés à des troubles digestifs (anorexie, douleurs abdominales, vomissements, diarrhée).

• Une splénomégalie est fréquente ; des signes hémorragiques (p. ex. pétéchies, injection conjonctivale, épistaxis, gingivorrhagie), un ictère et des troubles neurologiques peuvent être présents.

• L’épisode fébrile s’achève par une « crise » avec élévation de la température, du pouls et de la pression artérielle, suivie d’une défervescence thermique et d’une hypotension pouvant durer plusieurs heures.

– Après le premier accès, des récurrences fébriles se produisent, de moins en moins sévères et une immunité de courte durée s’installe.

– Complications :

• collapsus au cours de la défervescence, myocardite, hémorragie cérébrale ;

• au cours de la grossesse : avortement, accouchement prématuré, mort foetale in utero, décès néonatal.

En pratique, dans un contexte épidémiologique compatible (voir ci-dessus), un cas suspect de FRP est, selon la définition de l’OMS, un patient présentant une fièvre élevée associée à deux des signes suivants : arthralgies sévères, frissons, ictère ou signe d’hémorragie (épistaxis ou autre) ou un patient présentant une fièvre élevée répondant mal au traitement antipaludique. Les vêtements doivent être examinés à la recherche de poux de corps et lentes.

Laboratoire :

Le diagnostic est confirmé par la mise en évidence de Borrelia dans le sang par frottis et goutte épaisse (coloration par le Giemsa). Le prélèvement doit impérativement être réalisé lors des périodes fébriles. Les spirochètes ne sont pas visibles dans le sang périphérique pendant les phases afébriles. De plus, le nombre de spirochètes circulant tend à décroître à chaque nouvel épisode fébrile.

Traitement :

– Antibiothérapie (cas suspects ou confirmés et contacts proches) :

doxycycline PO 1

Enfant : 100 mg dose unique

Adulte : 100 ou 200 mg dose unique

ou érythromycine PO

Enfant </= 5 ans : 250 mg dose unique

Enfant > 5 ans et adulte : 500 mg dose unique

– Traitement des douleurs et de la fièvre (paracétamol PO) et prévention ou traitement de la déshydratation en cas de diarrhée associée.

– L’élimination des poux de corps est essentielle au contrôle de l’épidémie.

Fièvres récurrentes à tiques (FRT)

Les FRT sont dues à plusieurs autres espèces de Borrelia. Elles sont endémiques dans les régions chaudes et tempérées du monde, notamment en Afrique (Tanzanie, RDC,

Sénégal, Mauritanie, Mali, Corne de l’Afrique) et principalement en milieu rural. Elles représentent une cause importante de mortalité et de morbidité chez les femmes enceintes et les enfants. En l’absence de traitement, la mortalité varie de 2 à 15%.

Signes cliniques :

Même présentation et complications que pour la FRP mais les troubles neurologiques

(notamment paralysie des nerfs crâniens et méningite lymphocytaire) sont plus fréquents et le nombre de récurrences est plus important que dans la FRP.

Le diagnostic clinique est difficile, en particulier lors du premier accès : les cas sont sporadiques ; la morsure de la tique est indolore et passe habituellement inaperçue ; les symptômes ressemblent à ceux du paludisme, de la fièvre typhoïde, de la leptospirose, de certaines arboviroses (fièvre jaune, dengue) ou rickettsioses et de la méningite.

1* La doxycycline est habituellement contre-indiquée chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte.

Toutefois, en l’absence d’érythromycine, elle peut être utilisée dans le traitement de la fièvre récurrente à poux, l’administration d’une dose unique ne devant pas induire d’effets indésirables.

Laboratoire :

– Comme pour la FRP, le diagnostic repose sur la mise en évidence de Borrelia dans le sang.

– En cas de forte suspicion clinique, renouveler les examens si le premier frottis est négatif.

Traitement :

– Antibiothérapie :

doxycycline PO

Enfant de plus de 8 ans : 100 mg/jour à diviser en 2 prises pendant 5 jours

Adulte (sauf femmes enceintes) : 200 mg/jour à diviser en 2 prises pendant 5 jours ou érythromycine PO

Enfant de moins de 8 ans : 50 mg/kg/jour à diviser en 2 prises pendant 5 jours

Femme enceinte : 2 g/jour à diviser en 2 prises pendant 5 jours

– Traitement des douleurs et de la fièvre (paracétamol PO) et prévention ou traitement de la déshydratation en cas de diarrhée associée.

Le traitement antibiotique peut induire une réaction de Jarish-Herxheimer (fièvre élevée, frissons, chute de la pression artérielle et parfois choc). Il est recommandé de garder le patient en observation pendant les 2 heures qui suivent la première dose d’antibiotique pour prendre en charge une réaction sévère (traitement symptomatique du choc). La réaction de Jarish-Herxheimer semble plus fréquente dans la FRP que dans les FRT.