Typhoïde

Septicémie due à Salmonella typhi, à point de départ intestinal puis diffusion sanguine à travers le système lymphatique. La contamination est directe (mains sales) ou indirecte (eau ou aliments souillés).

Signes cliniques :

Typhoïde– Fièvre prolongée (plus d’une semaine), céphalées, asthénie, insomnie, anorexie, épistaxis.

– Douleur ou lourdeur abdominales, diarrhée ou constipation, gargouillements.

– Troubles neuropsychiques (tuphos), prostration.

– Splénomégalie modérée, bradycardie relative (pouls non en rapport avec la fièvre).

– Le diagnostic différentiel peut-être difficile avec : infection respiratoire basse ou infection urinaire ; paludisme ou dengue dans les zones endémiques.

– Les complications peuvent survenir à la phase d’état et durant la convalescence (même sous traitement) : hémorragie ou perforation digestive, péritonite, septicémie, myocardite, encéphalite, coma.

Laboratoire :

– Leucopénie relative (le nombre de globules blancs est normal malgré la septicémie).

– Mise en évidence de S. typhi dans le sang (hémocultures) et les selles, pendant les 2 premières semaines. Pour les hémocultures, prélever au moins 10 ml de sang.

– Le sérodiagnostic de Widal est inutile (faible sensibilité et spécificité).

Traitement (à l’hôpital) :

– Isoler le patient.

– Surveiller étroitement, hydrater et traiter la fièvre.

– Une antibiothérapie précoce basée sur le résultat des hémocultures peut faire chuter la mortalité de 10-20% à moins d’1%. La voie orale est plus efficace que la voie injectable. Si le patient ne peut prendre le traitement par voie orale, commencer par voie injectable et prendre le relais par voie orale dès que possible.

Antibiothérapie en dehors de la grossesse et l’allaitement :

• Le traitement de choix est la ciprofloxacine PO pendant 5 à 7 jours

Enfant : 30 mg/kg/jour à diviser en 2 prises (la ciprofloxacine est habituellement contre-indiquée chez l’enfant de moins de 15 ans, mais le risque vital de la typhoïde place le risque d’effets indésirables au second plan)

Adulte : 1 g/jour à diviser en 2 prises.

La céfixime PO pendant 7 jours est une alternative possible à la ciprofloxacine chez l’enfant de moins de 15 ans :

Enfant de plus de 3 mois : 15 à 20 mg/kg/jour à diviser en 2 prises

A défaut, et en l’absence de résistances :

amoxicilline PO pendant 14 jours

Enfant : 75 à 100 mg/kg/jour à diviser en 3 prises

Adulte : 3 g/jour à diviser en 3 prises

ou

chloramphénicol PO pendant 10 à 14 jours selon la sévérité

Enfant : 100 mg/kg/jour à diviser en 3 prises

Adulte : 3 g/jour à diviser en 3 prises

S. typhi développe rapidement des résistances aux quinolones. Dans ce cas :

ceftriaxone IM ou IV1 pendant 10 à 14 jours selon la sévérité

Enfant : 75 mg/kg/jour en une injection

Adulte : 2 à 4 g/jour en une injection

Antibiothérapie chez la femme enceinte ou allaitante :

Chez la femme enceinte, la typhoïde expose à un risque majeur de complications maternelles (perforation digestive, péritonite, septicémie) et foetales (avortement, accouchement prématuré, mort in utero).

• En l’absence de résistances :

amoxicilline PO : 3 g/jour à diviser en 3 prises pendant 14 jours

• En cas de résistances :

ceftriaxone IM ou IV 1 : 2 à 4 g/jour en une injection pendant 10 à 14 jours selon la sévérité

Sinon, utiliser la ciprofloxacine PO (habituellement déconseillée chez la femme enceinte ou allaitante, mais le risque vital de la typhoïde place le risque d’effets indésirables de la ciprofloxacine au second plan). Pour la posologie, voir ci-dessus.

Remarque : la fièvre persiste 4 à 5 jours après le début du traitement, même si l’antibiothérapie est efficace. Il est essentiel de traiter la fièvre et de rechercher l’apparition de complications maternelles ou foetales.

– Chez les patients présentant une typhoïde sévère avec troubles neurologiques, psychiques (hallucinations, altération de la conscience) ou hémorragie digestive :

dexaméthasone IV : dose initiale de 3 mg/kg puis 1 mg/kg toutes les 6 heures pendant 2 jours

Prévention :

– Désinfection des excréments avec une solution chlorée à 2 %.

– Hygiène individuelle (lavage des mains) et collective (hygiène et assainissement).

– La vaccination doit être discutée : elle peut-être utile dans certains cas (groupe d’âge à risque ; zone hyperendémique) mais son efficacité est controversée.

1* Le solvant de la ceftriaxone pour injection IM contient de la lidocaïne. Reconstituée avec ce solvant, la ceftriaxone ne doit jamais être administrée en IV. Pour l’administration IV, utiliser uniquement de l’eau ppi.