Halitose

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Halitose
Halitose

SYMPTOMATOLOGIE :

Health Care

Terme médical de la mauvaise haleine, ce petit mal, très fréquent, paraît banal, mais recouvre des conséquences psychosociales importantes.

Il est difficile de quantifier précisément cette plainte, mais, par exemple, 25 % de la population japonaise de plus de 30 ans et 43 % des Américaines de plus de 60 ans se plaignent de ce trouble. De plus, 50 % des Américains utilisent des produits rafraîchissant l’haleine.

Ce désagrément est mal vécu par les patients qui ont un sentiment de honte, et qui consultent peu ou avec réticence.

Petit à petit, ils vont mettre en place des manies, comme, par exemple, se cacher la bouche quand ils parlent trop près de leurs interlocuteurs, ou quand ils respirent fort. Ils vont surconsommer sprays, chewing-gums et autres bonbons rafraîchissants.

Il faut distinguer deux situations différentes :

– la personne qui croit avoir mauvaise haleine, ceci pouvant correspondre à une affection psychiatrique ou neurologique ;

– la vraie halitose qu’elle soit perçue par le sujet lui-même ou par son entourage. En effet, il est difficile de sentir sa propre haleine, car l’odorat a une grande capacité d’adaptation.

DIAGNOSTIC :

La bouche est une cavité complexe où il peut exister un bon nombre de pathologies, mais c’est également un carrefour d’élimination gazeuse des voies aérodigestives.

Ceci explique les multiples causes de l’halitose d’origine buccale, ORL, digestive, pulmonaire ou parfois médicamenteuse.

Il existe un test qui permet de différencier l’origine buccale ou générale :

– dans un premier temps on demande au patient de souffler par les narines en maintenant la bouche fermée ; s’il ressent l’odeur il s’agit d’une cause générale ;

– dans un deuxième temps, le patient reste en apnée, bouche fermée, le nez pincé pendant quelques secondes, puis ouvre la bouche sans respirer. Si l’odeur apparaît, il s’agit d’une cause locale.

Ce test est simple à réaliser, mais sa fiabilité n’a pas été évaluée précisément.

ÉTIOLOGIE :

Origine buccale :

Présente dans au moins 70 % des cas. Il existe dans la bouche une flore polymorphe rarement pathogène, qui dégrade les débris alimentaires ou qui s’attaque à une muqueuse inflammatoire et produit ainsi des composés sulfurés volatils responsables de la mauvaise odeur.

Il faut donc rechercher toutes les lésions dues à une gingivite, une parodontite, des caries, du tartre ou des restaurations dentaires de mauvaise qualité, mais également des lésions de la muqueuse buccale telles qu’aphtes, ulcérations, cancer ou cryptes profondes de la langue.

Origine hygiénodiététique :

Certains aliments absorbés par voie digestive produisent des substances volatiles libérées par voie respiratoire et donc retrouvées dans l’haleine :

– ail, oignon, échalote, radis noir, épices, alcool ; excès des glucides : il peut entraîner une fermentation colique plus importante avec élimination de composés volatils pulmonaires ;

– caféine : chez certaines personnes, elle favorise une mauvaise digestion ;

– langue « chargée » du matin : elle peut favoriser l’halitose ;

– tabac : chez les fumeurs la nicotine peut être la cause de mauvaise haleine, associée à celle de l’assèchement des muqueuses, provoqué par la chaleur de la fumée de combustion du tabac.

Origine ORL et pulmonaire :

Les infections chroniques se révèlent parfois par une mauvaise odeur.

Il faut alors rechercher :

–  une suppuration des amygdales, un écoulement postérieur pharyngé, d’origine sinusien ou nasal ;

– au niveau pulmonaire, une bronchectasie, une suppuration bronchique ou un abcès du poumon ;

– s’il existe un terrain à risque, un cancer des voies aériennes supérieures.

Origine générale :

L’halitose d’origine générale concerne :

– en cas de diabète, l’hyperglycémie et l’acidose qui émettent des corps cétoniques volatils ;

– l’urémie de l’insuffisance rénale qui donne une odeur ammoniaquée ;

– l’insuffisance hépatique qui produit l’odeur caractéristique du fetor hépaticus (odeur de poisson) ;

– la prise de certains médicaments : anticholinergiques, phénothiazines, antibiotiques, psychotropes, etc.

Origine digestive :

L’halitose d’origine digestive concerne :

– les reflux gastro-oesophagiens ;

– les diverticules oesophagiens de trois variétés selon leur localisation : les diverticules pharyngo-oesophagiens de Zenker (70 %), les médiothoraciques ou parabronchiques (10 %) et les diverticules épiphréniques (20 %). Associés à l’halitose, on retrouve une dysphagie, des régurgitations d’aliments au cours ou après les repas, parfois des manifestations pulmonaires.

L’halitose s’explique par la fermentation des débris alimentaires qui se trouvent dans la poche diverticulaire. Si ce diagnostic est soupçonné, il est confirmé par le transit oeso-gastrique, plus performant que la fibroscopie ;

– lesg astrites ;

– l’Helicobacter pylori : certains travaux montreraient une fréquence élevée d’halitose en cas d’infection due à cette bactérie. Son éradication entraînant la disparition des symptômes dans un grand pourcentage des cas. Ceci s’explique probablement par le fait que H. pylori sécrète de l’uréase qui se transforme en ammoniac absorbé puis expiré par voie pulmonaire. On utilise d’ailleurs cette propriété dans le test respiratoire au C 13 qui dépiste la contamination par H. pylori.

TRAITEMENT :

Traitement général :

Le traitement général de l’halitose doit suivre ces quelques règles :

– l’halitose étant d’origine stomatologique dans 70 % des cas, adresser systématiquement le patient au dentiste ou au stomatologue pour vérification et traitement des lésions éventuelles ;

– s’il existe un doute sur une lésion ORL non visible à un examen clinique simple, adresser le patient à l’otorhinolaryngologiste pour examen complémentaire et traitement adapté ; faire une petite enquête des habitudes alimentaires et donner des conseils diététiques ;

– inciter à arrêter l’usage du tabac ; en cas de bronchectasie ou d’abcès du poumon, prendre l’avis d’un pneumologue ;

– traiter tous les refl ux gastro-oesophagiens qu’ils soient accompagnés d’oesophagite ou non, par une association d’inhibiteur de la pompe à protons et de régulateur de la motricité digestive ;

– dans les gastrites, en cas de présence d’Helicobacter pylori, ajouter une bithérapie antibiotique pendant 7 jours avec une amoxicilline 2 g/j, associé à 1 g/j de clarithromycine (ou à 1 g/j de métronidazole si allergie ou échec du traitement) ;

– les diverticules relèvent de la chirurgie ; celle-ci est délicate et doit être confiée à des praticiens entraînés, qu’ils soient chirurgiens digestifs ou ORL ;

– rechercher à équilibrer un éventuel diabète et prendre en charge les insuffisances hépatiques ou rénales ;

– faire le point sur les traitements en cours et changer éventuellement les médications suspectes.

Traitement symptomatique :

Il existe sur le marché de la parapharmacie de nombreux produits rafraîchissants l’haleine qui se présentent sous diverses formes :

– des solutions (Rembrandt dazzling®, etc.) ;

– des sprays (Fluocaril®, Ricqlès®, etc.) ;

– des gommes à mâcher (Fluogum®, etc.) ;

– des comprimés comme Alipuro®, à avaler après les repas, contenant des huiles et du persil ; 

– des feuilles d’arôme à coller sur le palais.

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